vendredi 23 avril 2010

GS II - Courriel n° 7: Ulcère gastro duodénal ?

Didier de Lannoy
Grand Satan

GS II - Grand Satan et la pancréatite (sottisier de courriels)
2006-2007

Extraits
Les destinataires des différents courriels ne sont pas indiqués



A propos de Nassogne au Togo, voir aussi: ---------------------------------------------------------------------------------------------------


Qui a empoisonné le Yovo de Nassogne ?


La veille au soir tu m’avais

- Une semaine, tu disais ? Wapi !

téléphoné… Et tu m’avais appris que le fils d’Oscar Lassman, Dominique, était mort, écrasé par une voiture, à la sortie d’une boîte de nuit, vers sept heures du matin…

- Sans doute était-il saoul ? Il avait peut-être fumé du bangui, naan ?

Et tu m’avais dit que Malou Fontier, la maman de Virginie et de Julien Rousseau

- Embrasse-la de ma part, petite chérie ! Et Guy aussi !

était complètement effondrée…Et que Chéri Samba s’était annoncé et qu’il avait déjà déposé ses bagages et qu’il comptait s’installer à la maison pour quelques temps

- Comment vas-tu faire pour loger Kangni Alem, petite chérie ? C’est demain qu’il arrive, naan ?

dans la chambre de passage et qu’il voulait déjà t’inviter, ce soir même, au resto… mais que tu avais prévu d’aller « tenir compagnie » (il n’y avait pas de « Matanga », à proprement parler, mais…) à Malou, avec Judith…


La veille au soir, donc, tu m’avais téléphoné…

Et le premier coq du matin, celui de 1h07, venait à peine de sonner que j’ai commencé à me sentir très mal, très mal, très mal et à me tordre et à me tordre et à me tordre et à me tordre et à me tordre de douleur…


Devais-je réveiller Chantal (qui dormait dans la chambre du milieu, la chambre n° 6) ? Devais-je réveiller Gougoui (chambre n°1) ? Devais-je les empêcher de dormir

- Sans effet !

sans, pour autant, en effet, que je

- Réveiller les gens en pleine nuit, ça n’a jamais guéri personne !

me sente mieux ?

Et, par ailleurs, j’aurais été bien obligé de faire un peu de ménage (retirer le gant de toilette mis à tremper dans un verre d’eau et le bac à papier placé en stand-by à côté de mon lit, pour servir de dégueuloir d’appoint), me rendre « présentable » (enfiler un t-shirt et m’emballer les tubercules dans un caleçon sec, défroisser les draps, dire « Oo fon a » et tendre aux compatissants la main moite et visqueuse qui, auparavant, me comprimait le bide) et, surtout, j’aurais dû répondre aux questions dont on m’aurait pressé… beaucoup trop de questions dont (comme un citron sans pépins) je ne connaissais pas les réponses ?


Je note sur un bout de papier…


S’il m’arrivait de

- Il faut toujours que tu exagères, douchka !

- Ça s’appelle la gestion des risques, petite chérie ! C’est du bon management, non ?

tomber dans le coma et de perdre connaissance… je note quelques observations circonstancielles et cliniques sur un petit bout de papier placé bien en évidence sur le lit, à l’attention de Gougoui… pour éviter les « embrouilles »… et faire en sorte que le CB et ses enquêteurs, très énervés, ne commencent pas à interroger tout le monde et ne compliquent vachement la situation et ne mettent mon hôte dans un foutu embarras et ne conduisent tout le monde à la prison civile de Lomé…

- Qui donc… alors même que l’Accord politique global du 20 août 2006 a convenu de certaines modalités d’organisation des prochaines élections législatives anticipées, que la Nation s’engage dans un processus irréversible de réconciliation nationale et que le Comité des Ambassadeurs ACP se déclare satisfait des progrès réalisés dans le respect des 22 engagements et que la Confédération Africaine de Boxe vient d’installer son siège à Lomé et que l’édition 2006 du concours de Miss CEDEAO s’est déroulée, à la satisfaction de tous, à l’hôtel du 2 février…

- S’agit-il d’une manœuvre de diversion susceptible de mettre en danger l’application de l’APG ?

- Qui donc ?… alors que les « Zem » ou les « Zed » critiquent la diminution, jugée insuffisante, du prix du carburant… et que tous les Loméens souffrent du délestage et craignent que les fêtes de nouvelle année ne soient perturbées par des coupures intempestives d’électricité qui, certes, réjouissent les voleurs de moutons (venus par camions entiers du Niger, du Burkina-Faso ou de la région de Vogan… et qui ont été « parqués » en très grand nombre, en vue de la Tabaski, à Gbo Simé, le « marché des moutons » se tenant en permanence près de l’ancienne première salle de cinéma de Lomé) mais inquiètent les consommateurs de bières bien frappées…

- S’agit-il d’une tentative de perturbation du bon fonctionnement des institutions du pays ?

- Qui donc… alors que les Nana Benz, revendeuses de « tchigan » ou de « tchivi », se plaignent de la concurrence déloyale que leur font certains commerçants « expatriés », Chinois et Libanais… qui donc s’est permis d’empoisonner un Yovo venant à peine de débarquer au Togo, depuis seulement quatre jours ?

- Quels sont donc ces gens qui auraient pu lui vouloir du mal ?

- De quelle infraction grave s’est-il donc, en moins d’une semaine, déjà rendu coupable ?

- Comment a-t-il donc réussi (et avec quel talent !) en aussi peu de temps, à se faire des ennemis mortels ?

- Se serait-il donc, dès son arrivée (ouais, l’encre du cachet d’entrée apposé par le Service de l’immigration du Ministère de la Sécurité étant encore fraîche), mis à dépouiller la presse loméenne et, dans l’après-midi du mardi 5 décembre 2006, aurait-il donné le coup d’envoi d’un plan démoniaque de pillage et de dévoiement du patrimoine culturel national (ouais, nous sommes aujourd’hui le mercredi 6 décembre… ouais, c’est un peu juste mais ça peut quand même « coller »… ouais, de toute manière, l’hypothèse mérite d’être examinée sérieusement)… et entrepris de transformer un « papier » paru le mardi 5 décembre 2006 (ouais, effectivement, ça peut « coller »), lumineux et pudique d’un jeune journaliste togolais (ouais, une agréable chronique, allègre, hilarante, plutôt « réaliste » et très vaguement moralisatrice, intitulée « Panique dans une église ») en une lourde farce, carrément paillarde et totalement abracadabrantesque ?

- Aurait-il donc (ouais, c’est une toute autre hypothèse… ouais, mais à ce stade de l’enquête, on ne peut rien exclure…ouais, même les pistes qui, apparemment, dans le cas d’un Yovo, ne devraient pas être retenues… ouais, sait-on jamais… des Blancs sorciers, ça existe aussi), serré des mains qu’il ne fallait pas… et aurait-il été considéré, par un mauvais baiseur, comme le principal responsable du rétrécissement ou de la disparition de son gagaragassou ? Ou, comme on dit dans le langage des Yovos de France (ouais, c’est comme ça qu’il faut leur parler à ces gens-là… ouais, sinon ils ne comprennent absolument rien à totalement tout), aurait-il perturbé le système de reproduction, réduit le taille des testicules (ou fait en sorte qu’elles refusent de descendre dans les bourses, ouais) et appauvri la qualité du sperme d’un rival et, surtout (ouais, c’est très important aussi), aurait-il diminué la période réfractaire et, plus grave encore, la puissance érectile (ouais, ça c’est du vrai français… ouais, du français de la vraie France…ouais, celle du général de Gaulle) de son concurrent… qui ne parvenait plus, dès lors, à obtenir une érection suffisamment rigide (ouais, et durable) pour permettre (ouais, et maintenir) la pénétration (ouais, jusqu’à l’éjaculation)… et s’en trouvait très morfondu ?


Je note, disais-je, sur un petit bout de papier, que j’ai déjà eu des crises analogues (plus ou moins virulentes) à Bruxelles, juste avant

- Mais je n’aurais jamais voulu rater mon avion !

- Tu devrais peut-être envisager un rapatriement sanitaire, douchka, non ? En urgence…

- Et que je revienne sans rien ? Sans même un seul bouquin à t’offrir, petite chérie… sur les trois que je me proposais d’écrire ou de terminer ? Je m’accroche !

mon départ.


Et j’y consigne aussi, d’une écriture chevrotante et hoquetante, quelques premiers « symptômes » : maux de tête, urines jaunes

- Tu aurais voulu qu’elles soient de quelle couleur, douchka ?

douleurs intenses

- Tu ne pourrais pas être plus précis, douchka ?

- Difficile ! Tout ce qui est à l’intérieur de moi, je n’arrive pas facilement à le décrire ! Je ne le « vois » pas !

à gauche, en bas

- Ouh là là ! C’est grave, ça ! Ce n’est déjà plus l’estomac… Mais es-tu bien sûr qu’il y a encore un organe de ce côté-là, douchka, qui se trimbalerait on ne sait où, entre la panse et le fondement ?

crampes, contractions survenant toutes les demi-heures, respiration haletante, hauts-le-cœur et envies de vômir… mais pas de fièvre

- 35.7 seulement, petite chérie !

- Evidemment, douchka, tu n’es même pas capable de faire démarrer (ou, peut-être, même de lire ?) un thermomètre ! C’est à la portée de tout le monde, pourtant ! Il ne faut pas de permis !


J’ai pris quelques comprimés (le Maalox

- Sans effet !

d’Ana et le Zantac

- Sans effet !

de notre fille, Nadine) et je me suis ensuite étendu par terre, presque nu, pendant de très longues minutes, le ventre reposant directement sur le carrelage frais.

Un moustique opportuniste (venu d’où ?) en a profité pour me piquer les fesses, les jambes et les bras. Mais pas les couilles.


De quoi s’agit-il ?

Roger, le fidèle serviteur du Dieu Sodabi m’a dit, ce matin, vers onze heures (l’homme était encore clair) que cette douleur était sans doute imputable au foufoui de manioc

- Succulent ! J’en avais avalé toute une grosse boule !

qu’il avait préparée hier midi avec une sauce

- Succulente ! Je m’en étais servi au moins trois fois !

aux aubergines, aux poivrons et aux gombos (avec du petit poisson séché et salé). Ce foufoui ne conviendrait sans doute pas, suppose-t-il (et, compte tenu de son taux habituel d’imprégnation alcoolique, Nestor doit probablement avoir, lui aussi, des problèmes de tuyauterie et savoir de quoi il parle) aux ulcéreux, urineurs compulsifs et autres handicapés des andouillettes.

- Ce ne serait pas le pili-pili, douchka ?

- Mais naan, petite chérie, je n’avais pas pris de piment, ce jour-là ! Et pas non plus la veille !

- Quoi d’autre alors, douchka, à part le foufoui de manioc qui, à première vue, me paraît bien inoffensif ?

- Eh bien, j’y pense brusquement, petite chérie… Tout ce cirque a commencé à Bruxelles, naan ? Et si c’était le « poulet de Max » qui traînait depuis neuf jours au fond du frigo de ta cuisine, au n° 21 de la rue Maes à Ixelles… Si c’était le « poulet de Max » qui m’avait bousillé l’estomac…Si cette charogne en fin de parcours… m’avait chamboulé, marabouté ou botulé les « affaires intérieures » ?

- Qu’est-ce que tu racontes, douchka !

- Ce n’est qu’une hypothèse, petite chérie…Il n’y a rien entre elle et moi…

- Eh bien, c’est Max qui va être heureux ! Attends que tu reviennes, il va te complimenter ! Tu sais bien que notre ami Ngbanzo Lamangale est absolument incapable de faire cuire un poulet… et de t’empoisonner !

- Mais quoi alors, petite chérie ?

- Ce sont sûrement le vin de palme et la soupe au gingembre qui t’ont mis dans cet état, douchka !

Gougoui devait aller à Lomé ce matin. Il m’a trouvé, à la Pharmacie de la Cité (sur le boulevard du 30 août, à main gauche quand on va vers Nassogne, près du baobab) un médicament (Lansec) qui pourrait

- « Le lansoprazole est un inhibiteur spécifique de la pompe à protons H+K+/ ATPase de la cellule pariétale gastrique », waow !

peut-être faire l’affaire...


Devrais-je aussi

- Oui !

- Naan !

diminuer ma consommation de cigarettes et de café (toute la journée) et

- Naan, petite chérie ! Il ne faut quand même pas en remettre ! Tu brodes, tu attiges, tu outrepasses, tu carcassonnes ! On ne dit pas la messe avec un verre d’eau… Même Grand Dieu refuserait de répondre à l’appel de ses fidèles et de s’installer à leur table s’ils n’avaient que de l’eau (changez-moi ça en vin ! et vite ! dérékitima !) à leur offrir… ni avec le lait d’une truie blanche (ou rose, si Anne-Louise préfère) qui vient à peine d’accoucher !

de deha (toute la soirée) ?


Ana cherche à me faire peur… elle me menace de représailles

- Sois raisonnable, douchka, fais donc ce qu’on te demande… Et, je te préviens, si tu n’es pas bien sage, je te ferai enchaîner et mettre au cachot, à ton retour, toute une semaine, en plein hiver, dans la cave glaciale et insalubre, sûrement pleine de souris empucées, de crapauds poisseux et d’araignées gluantes de la maison inhabitée de notre ami griot (mais peut-être est-ce…

- Waow ! Excellent ! Moi aussi ! Kous sommes faits pour nous entendre, ce voisin-là et moi !

- …aussi un sorcier ?) qui est censé (pour le courrier seulement ?) résider à une centaine de mètres de chez nous, tout en bas de la rue de Venise… avec interdiction de te laver la bouche et de te gratter les couilles !

- Dans le repaire secret de Kungu Luziamu ? C’est parfait, petite chérie ! Nous allons pouvoir « claquer des dents » ensemble et nous gausser de tous les flambards, morveux et autres bouffis…cancaner, sarcasmer, persifler, brocarder, gouailler, fusiller, truffer et vilipender pendant des nuits entières…On fera fonctionner la machine à coudre…

- Pourquoi la machine à coudre, douchka ?

- Pour « kotonga batu », petite chérie …Et aussi la guillotine, bien sûr… à tour de bras ! Des réputations bien établies vont sûrement tomber dans la rigole… et des têtes rouler dans le sciure de bois !


Quelque chose de positif cependant dans cette « contrariété », dans ce problème de santé tout à fait ridicule: je maigris.

Et la balance de Gougoui vient de me le confirmer.

Et si, par surcroît, je me chope une bonne petite crise de malaria, un palu bien tapé, tu ne me reconnaîtras pas : je serai à nouveau svelte, jeune et beau ! Tu pourras m’aimer pour mon corps !


Mais de toute manière, petite chérie, ne t’inquiète pas… Si ça ne va pas mieux dans les jours qui viennent, je demanderai à Paulo Carter

- Il m’a fait savoir qu’il était toujours disponible ! En cas de coup dur, Paulo n’hésitera pas à se porter à mon secours !

de se renseigner. C’est un fin limier. Il trouvera sûrement des pistes.


Tu m’aimes ?