vendredi 23 avril 2010

GS II - Courriel n°10: Je vais demander à Paulo Carter de se porter à mon secours… comme au temps du Zoeloe Bar, à Leuven

Didier de Lannoy
Grand Satan

GS II - Grand Satan et la pancréatite (sottisier de courriels)
2006-2007

Extraits
Les destinataires des différents courriels ne sont pas indiqués



A propos de Nassogne au Togo, voir aussi: ---------------------------------------------------------------------------------------------------



Cela fait quatre jours que je ne t’ai pas écrit et que tu n’as pas téléphoné pour prendre de mes nouvelles…

As-tu reçu

- Bien sûr que non, douchka, puisque tu ne me l’as pas envoyé !

mon précédent message, dans lequel je te parlais de Tikhon Tikhonovitch et de Daria Sébastianovna ?


Et alors ?

Belle démonstration de symptômologie, non ?

Pertinence et promptitude du diagnostic ! Militance et diligence de la médecine féminine sibérienne soviétique !


Le foie se situe plutôt à droite


Mais il y a quand même quelque chose, un détail, qui me chiffonne.

- Le foie, d’habitude, petite chérie, de quel côté du corps se situe-t-il, à gauche ou à droite ?

- Plutôt à droite, douchka ! Enfin, cela dépend de la position où l’on se trouve par rapport au miroir : devant ou à l’intérieur…

- Excellent ! Et dans le premier courriel que je t’ai adressé, il y a quelques jours, je me plaignais d’avoir mal de quel côté, à gauche ou à droite ?

- Plutôt à gauche !

- Excellent ! Excellent ! Et où ça, plus précisément ?

- En bas à gauche, me semble-t-il !

- Excellent ! Ne voilà-t-il pas que je me mets à vivre un véritable polar médical (avec enquête, découverte de nouveaux indices, suspense, rebondissements surprenants, suite au prochain numéro ou au prochain courriel) ! Excellent ! Je vais, toutes affaires cessantes, recourir aux services de Paulo Carter !

- T’es saoul et t’a même pas bu ! Comme Obélix ! Il faut croire que tes éponges sont déjà vachement imprégnées ! Continue de prendre de l’eau, douchka, aussi froide que possible, ça ne peut pas te faire de mal ! Ça va sûrement t’aider à éliminer !

- Eliminer quoi, petite chérie ?

- Satan !


Paulo Carter se lance à la recherche d’autres pistes


Gougoui me confirmera probablement demain (planche illustrée et dictionnaire à l’appui) que le foie se situe plutôt à droite…


Et donc, c’est décidé, je vais dérékitima demander à Paulo Carter d’exploiter

- Botulisme ou empoisonnement dû au « poulet de Max » ?

- Oublie !

- Hépatite ?

- Oublie aussi ?

- Colique hépatique ?

- Oublie ça également, Paulo !

de nouvelles pistes… mais, globalement, je dois te dire, petite chérie…

- Ouais ! Mais en attendant, douchka, globalement ou pas, je te conseille vivement de continuer à prendre de l’eau, de l’eau, de l’eau, de l’eau, de l’eau et encore de l’eau… Et de soigner ton ulcère, douchka… Et de prendre régulièrement le médicament que Gougoui t’a trouvé à la Pharmacie de la Cité !

- Sans effet !


Je dois quand même te faire savoir, petite chérie, avant que tu ne m’interrompes une nouvelle fois, que, petit à petit, grand à grand, pas à pas, jour après jour et de mieux en mieux, je commence à revi-

iiiivre et

- Tu as encore bu, douchka ?

- Meeeeunan, petite chérie, je m’amuse seulement !

- C’est bien sûr que tu ne bois plus que de l’eau, douchka ?

- Evidemment, petite chérie !

- Continue donc, douchka ! Le seul véritable remède qui convienne à ton état, c’est l’eau, l’eau et encore l’eau ! Bois de l’eau et mets-toi au lit !

- Eh, oh, oooh ! Molo, quoi ! De l’eau, de l’eau…qu’est-ce que tu racontes ? On est en plein harmattan ici ! Il n’a pas encore plu depuis mon arrivée et le château d’eau pourrait même s’assécher et la nappe phréatique même se tarir, naan ? Il ne faut pas abuser de l’eau ! Et je ne me vois pas non plus revenir à Bruxelles, sortir dans les bistrots d’Ixelles-Matonge, chez Vieux Henri ou chez Jackie la Marraine, et ne plus boire que de l’eau ? Tu veux porter atteinte à mon honneur ! Tu cherches à me rabaisser ! Tu veux me noyer comme un chagrin ? Moi, ton mari, je te dis… comme le dirait la mère de la maison de Grand Satan… que « ça ne peut pas continuer à rester durer comme ça » ! Il faut trouver autre chose : une autre pathologie et un autre remède !

- Et s’il n’y en a pas, douchka ? Si même un fin limier comme Paulo Carter ne voit pas, de prime abord, dans quelle direction différente orienter ses recherches ?

- Ne cherche pas à décourager Paulo Carter dans son entreprise ! Il vient à peine de commencer son enquête ! Paulo va certainement me trouver quelque chose ! Et dans un très bon sens… qui me conviendra parfaitement…


Et porter à ta connaissance que, après trois à quatre jours de crampes, de contractures, de contractions, de constrictions

- Si je rassemble ou si je juxtapose, dans une même phrase ou dans une même période, tous les mots ou tous les vocables que je déniche ou que je dégotte, parmi ceux qui « collent » ou qui s’appliquent, à peu près ou approximativement, à la totalité ou à l’intégralité de ce que j’éprouve ou de ce que je ressens, je finirai bien par découvrir ou débusquer le mot juste ou adéquat, naan ? Je subodore ou je perçois qu’on tend au but, petite chérie, qu’on y vient…

- On y arrive, douchka ?

- On s’en approche, petite chérie …

de constrictions, de crispations, de convulsions, de spasmes, de torsions, de tortillements, de tressaillements, de rictus, de grimaces, de répulsions, de dégoûts, de nausées, de soulèvements de l’estomac et d’envies de dégueuler dans la corbeille à papier, de bronzage et de « foncement » des urines et autres « flottements divers », je mange, à nouveau, avec grand enthousiasme

- Ça va, ça me rassure, douchka… mais, mais… mais, en même temps, tu recommences à me faire peur ! Je t’en prie, n’abuse pas des « sauces » ! N’exagère quand même pas ! Pourquoi dois-tu toujours te resservir (du djinkoumé, du djongoli et des ignames frites) et encore te resservir (des brochettes de mouton et des bloms ou du cochon de lait rôti au four) et te resservir encore (de la sauce blanche et des petites aubergines croquantes et des gombos gluants) ? Tu ne peux donc pas te retenir ! Encore heureux que tu ne prennes plus de foufoui de manioc ! Cesse donc de manger compulsivement comme une hyène orpheline et solitaire, en cavale, chassée de la savane par des mères lionnes très énervées, et qui n’a plus eu aucune antilopette à se mettre sous la dent depuis plus d’une ou deux semaines ! Tu me fais honte ! Et tiens-toi correctement à table !

- M’enfin, petite chérie, ne t’énerve pas comme ça ! Je n’ai encore rien fait de mal… Jusqu’à présent…

- Ne t’ai-je pas déjà dit, douchka, que je ne voulais pas d’un mari obèse ? Déjà que tu n’es plus de première jeunesse (c’est le moins qu’on puisse dire !) et que tu perds tellement de cheveux dans la baignoire que le siphon parfois se bouche… et que Djuna et Lianja se plaignent…Si tu continues dans cette voie, tu risques de bientôt te faire virer du foyer conjugal et du nid familial ! Et de devoir t’installer, comme un vieux grognon, dans une chambre d’hôtel (en association, si tu veux et pour que ça te coûte moins cher, avec une « mademoiselle » de la rue des Commerçants ou de la rue Van Gaver, près de la station de métro Yser, une « Ato » schlinguant l’eau de Javel, le déodorant, le parfum bon marché et la crème de beauté tournée… et ne fleurant pas bon la rose ou le lilas…

- Et comment je fais ?

- Tu dors pendant la journée, douchka ! Et, pendant toute la nuit, tu rôdes dans les bars d’Ixelles-Matonge et tu laisses la piaule à ta turfeuse pour que ta trimardeuse puisse turbiner et gagner ainsi ta vie… vous allez parfaitement vous entendre...

- Tu n’as vraiment rien d’autre à me proposer, petite chérie ?

- Tu peux toujours demander à notre fille Nadine de te trouver une place dans une maison de repos et de soins… climatisée en été et bien chauffée en hiver… Tu t’y ferais des amis et tu pourrais même y rencontrer la femme de ta nouvelle vie, une petite jeune de ta classe d’âge, dans les soixante-cinq ans, quoi !

- Bon, d’accord, bien compris, je prends bonne note…Je sais que, de nos jours, l’hébergement des personnes âgées est un véritable problème pour les familles et les dirigeants politiques… et que, d’ici 2050, il y aura près de trois millions de personnes de plus de 60 ans en Belgique…mais, dis moi quand même, petite chérie, une antilopette, c’est quoi ?

- Une antilope de lait, ducon !

- Huuum ! Ça doit être succulent ! Je vais, dérékitima, demander à Laurent de me préparer ça ! On ne voit plus beaucoup de « biches » dans l’Avé mais on en trouve encore plein du côté de Kpalimé !

- Des « biches » ?

- C’est ainsi qu’on les appelle, par ici !

- Tu ne penses vraiment plus qu’à bouffer ! Que vais-je faire de toi ?

et que je ne maigris même plus et…


Et pourtant, j’avais été prévenu.

- Lilith avait prévu ça ! Juste avant mon départ elle avait pensé à me mettre en garde : « Fais gaffe à ton régime, Vieux Didier ! Ne mange pas de sauce de chien, de serpent, de singe, de sanglier, d’ours, de léopard, de lion, d’abeille, de pivert, de grenouille, de crocodile, de porc et de mulet ! »

- Lilith ?

- Ben wiii, Lilane Liesens, quoi ! Lili, si tu préfères ! Elle s’était rappelée les menus renseignés dans « à Nassogne » (il y a donc quelques personnes qui lisent effectivement ce que j’écris… et qui, même, parfois, salivent… ça devrait m’inquiéter… quand on commence à plaire, ça veut dire qu’on a fini par se « commettre », naan ?) et m’avait envoyé un courriel à ce sujet ! Je ne te l’avais pas montré, petite chérie ?

- Tu ne me montres jamais rien, douchka ! tu gardes toujours tout pour toi !

- Lokuta munene !


que je n’ose même plus

- Et la balance de Gougoui, douchka ?

- Oublie ça, petite chérie ! D’abord, je reprends des forces !

me peser.


Tu m’aimes ?