Grand Satan
GS II - Grand Satan et la pancréatite (sottisier de courriels)
2006-2007
Extraits
Les destinataires des différents courriels ne sont pas indiqués
A propos de Nassogne au Togo, voir aussi: ---------------------------------------------------------------------------------------------------
A qui donc pourrais-je bien écrire aujourd’hui ?
A Paul Van Ackere et à Nicole Legrand, évidemment. Ça fait longtemps que je ne les ai plus vraiment taquinés, ces deux-là. Ça me manque. Et ça doit, j’imagine
- Tu ne doutes de rien, douchka… On dirait un petit tabouret qui fait du pied à une grande table en dessous de la très longue nappe blanche de la salle à manger…
- Un petit tabouret ? Celui de Kossi, peut-être, petite chérie ?
- Mais non, je pensais plutôt à un roquet, douchka… un petit roquet !
leur manquer aussi…
- Oo fon a ! Paul et Nicole, Bonjour !
- Ofoin ?
- Oo fon a… « Etes-vous bien réveillés ? »… C’est du guin : « Oo » veut dire « tu », « fon » signifie « se réveiller » et « a » indique qu’il s’agit d’une question ! Et on répond « Mfon ! », je suis bien réveillé ! Mais on peut dire ça aussi plus tard dans la journée, même le soir !
- Mfon, Vieux Didier !
- Aujourd’hui, Nicole et Paul c’est dimanche, jour de la sainte messe matinale obligatoire sous peine de péché mortel (sauf pour les péripatéticiens et les péripatéticiennes qui auront philosophé toute la nuit et qui auront, dès lors, une excellente excuse à faire valoir auprès de leur confesseur habituel et fidèle usager de leurs services sociaux, éducatifs et culturels), et je m’en vais vous entretenir d’un sujet qui m’a toujours inspiré (et qui me fera toujours rigoler), la mort.
Faut-il attendre ou provoquer la mort du bedeau ?
Voilà donc la question que je pose à Nicole: il y a tellement de bruit, ces dernières semaines (et sans doute est-ce la raison pour laquelle je me suis exilé au Togo), à Ixelles, le dimanche matin, que je n’arrive plus à dormir (plus une église est vide et plus la nef centrale fait « caisse de résonance », non ?)… alors même qu’Ana prétend que je suis complètement sourd… et j’aimerais bien, donc, que tu me dises, ma chère Nicole, toi qui connais les manigances et les sortilèges des prêtres et des sorciers, quand les cloches cesseront-elles donc, donc, donc
- Dur-dur-dur, chère Nicole, quand « le Peuple » et « la femme du Peuple » sont rentrés de chez Jackie (à la Mandibule) ou de chez Judith (au Buja) ou de chez Hélène (au 333) à cinq heures du matin et que « le peuple » (mais pas « la femme du peuple », qui tient mieux l’alcool que lui) a la gueule de bois !
- « Le Peuple » ?
- Moi-même, serviteur…
- Et « la femme du Peuple », c’est ?
- Ana, bien sûr !
- Ah bon ! Alors, à mon tour de te mettre sur le grill… explique-moi donc, Vieux Didier, alias « le Peuple », alias « le mari de la femme du Peuple »…lorsque se déroulent des cérémonies vaudou…
- Ça se passe dans une « forêt sacrée » d’habitude, Nicole… dans un enclos où ne peuvent pénétrer que les seuls initiés… Et cet enclos s’appelle un couvent…
- Lorsque de « petites rencontres entre amis » sont organisées, mettons, dans un « couvent »… ou à l’occasion de veillées mortuaires ou de fêtes de famille (quand les gongs gongonnent et
- C’est le chef-canton qui « gongonne », Nicole… lorsqu’il frappe sur sa cloche pour annoncer des nouvelles aux gens… Quant aux cloches dont on se sert pour jouer de la musique, on peut dire, à la rigueur, qu’elles « dingdonguent »…Mais ce ne sont pas les mêmes cloches que celles qu’on trouve dans les clochers des églises… Ce sont des cloches qu’on tient à la main et sur lesquelles on frappe avec un bâton…
- Mettons… quand des cloches dingdonguent et que les tam-tams tamtamment), au Congo A, au Congo B, au royaume des Amazones, au Togo, au Ghana ou au Nigeria, ça ne te dérange pas, j’imagine, ce boucan-là… Et même si ça dure toute la journée, non ? A l’aube (les féticheurs), dans l’avant-midi (les enterrements), dans l’après-midi (les fêtes) et en soirée jusqu’au petit matin (les veillées mortuaires), non ? Et, contrairement aux habitants d’Adidogomé, toi, tu n’y trouves rien à redire : tu ne te plains pas, tu ne critiques pas, tu n’écris pas aux journaux, tu ne fais pas circuler des pétitions sur internet, tu ne fais pas appel à Satan… voudrais-tu bien, Vieux Didier, me justifier ce comportement discriminatoire ? Serais-tu de parti pris ?
- Attention, Nicole ! Tu prends des risques ! Sais-tu que quiconque m’appelle « Vieux Didier» me fait allégeance, me doit du respect, accepte d’écouter mes conseils et de se soumettre à mon autorité ?
- N’importe quoi ! Je te ferai remarquer cependant que tu « esquives » et que tu n’as pas répondu à ma question !
- Ni toi à la mienne, eh !
- Pas répondu ? Mais tu n’as même pas encore achevé de la formuler, ta question !
de sonner, sonner, sonner, à Ixelles, le dimanche matin, et de réveiller les infidèles et les renégats…
Les félons et les apostats ne fréquentent plus les églises que pour assister à l’enterrement d’une vieille tante à héritage… ce qui ne peut être mon cas, car elles sont déjà toutes mortes ou ruinées, me dit-on, dans la famille… laquelle vioque (ah, la mauvaise femme !) a expressément porté cette exigence dans le texte même de son testament… et a également pris la précaution (ah, la sage femme !) de conditionner la libération effective de tous ses biens meubles et immeubles au constat, dûment opéré dans l’exercice de ses fonctions par un huissier de justice ayant presté serment sur la sainte bible, de la présence effective de tous ses neveux, nièces, cousins, cousines, cuisinière, majordome, chauffeur et jardiniers, tous candidats à l’héritage, à sa messe d’enterrement… laquelle messe, a ordonné la satrape dans ses dernières dispositions, doit obligatoirement se dire, en « latin », dans la langue sacrée de son enfance dorée
quand donc, disais-je, Nicole, les cloches cesseront-elles de sonner, sonner, sonner à Ixelles, le dimanche matin… sera-ce donc, donc, donc à la mort du bedeau…
- La mort, la mort, la mort… tu nous bassines les oreilles avec la mort, la tienne et celle des autres, et tu nous annonces (en roulant des mécaniques comme d’habitude) que tu vas nous entretenir de « la mort »… mais dis-nous donc d’abord, Vieux Didier, ce que toi tu entends par « la mort » ! Et essaie surtout d’être drôle et de me faire rire !
- La mort, c’est quand (dirait Rimbaud) « Je était un autre » et…
- Pitre ! Farceur ! Sale gamin ! Un peu de sérieux dans le frouchelage, voyons !
- Et que, disais-je… ça chie plus que ça ne mange et que ça pisse plus que ça ne boit et que ça ne bouge plus du tout et que ça commence à sentir mauvais ! Et, surtout, quand ça ne fait plus de bruit !
- On dit pourtant que, dans leur cercueil, parfois les morts pètent !
- Voyons Nicole, qu’entends-je ? Tu te lâches ? Tu chasses sur mes propres terres ? Là, je suis surclassé ! Je crois bien que as gagné… mais tu ne perds rien pour attendre !
au décès du bedeau bedonnant…
Le bedeau de l’église Sainte-Croix agite, agite, agite sous le nez des clients un panier à piécettes qui ressemble étonnamment
- Un huissier et une directrice de cabinet auraient-ils les mêmes fournisseurs ou les mêmes patrons ? Appartiendraient-ils à une même société de services ? Consitueraient-ils un couple morganatique ? Y aurait-il, entre ces deux professions, des connivences ou des accointances qui échapperaient au commun des mortels ?
à celui de Madame Pipi 2, au sous-sol de l’Ultime Atome, à côté des cuisines… à deux pas de l’église Saint-Boniface…
Mais Madame Pipi 2 n’agite, agite, agite pas son panier sous le nez des fidèles...
Et, contrairement à la péagiste du gîte rural de Nassogne et compte tenu du climat habituel du royaume de Tintin, Madame Pipi 2, ne chausse pas des tapettes mais plutôt des pantoufles…
Et dans les églises (aussi bien Sainte-Croix que Saint-Boniface), il n’y a pas de toilettes pour les urineurs compulsifs…
de l’église Sainte-Croix ?
- Bon, c’est terminé, Vieux Didier ? Tu as « fini par finir » de la formuler ta question ?
- Presque ! Encore une petite demande annexe que j’y adjoins, chère Nicole, rapidement, afin de pouvoir rattacher le message que je t’envoie (courriel n° 12) à un autre message adressé (courriel n° 08) précédemment… et donner ainsi un semblant de cohérence à mon « sottisier» ! La voici donc cette petite demande annexe : ne pourrait-on pas, dans le cas d’espèce (comme dirait Jean-Marie Lahaye, alias « Le Juge » que, toi, Nadine et Lieve devez sûrement adorer) et compte tenu des spécificités de la culture religieuse locale, recourir aux services de Cromagnon, alias Robert Dehoux, le Grand Satan du quartier de la place FLAGey, le boucheur de serrures, l’arracheur de couches-culottes, le libérateur de zizis sous clôture... et demander à Bob DangerField et à son épouse, Yaki, de forcer la porte du tabernacle, de découvrir le ciboire, de libérer les djinns et les esprits malfaisants qui y étaient enfermés, de les semer à la volée ou de les piétiner… et de foutre au citoyen sonneur de cloches, par différents sacrilèges et autres diableries, le trouille de sa vie et provoquer ainsi, ou du moins accélérer, le trépas de l’arguillier gidouillant ?
Voilà ma question principale et ma demande annexe enfin posées, l’une et l’autre, dans leur intégralité !
Mais dérékitima… je prends la fuite… et, comme d’habitude, après avoir inscrit au tableau le problème à résoudre… je « piste »… abandonnant sur place mon interlocutrice… et je sors fumer une clope dans le couloir…
Je n’attends donc pas la réponse de Nicole qui va certainement essayer de me mettre de nouveau en boîte … et je m’adresse directement à Paul.
Y a-t-il eu jamais un « âge d’or »… et avons-nous pu, quand nous étions mômes, rêver de l’Amérique ?
Dis-moi, Popol, vers quelle époque ça se passait encore la guerre de Corée ?
Dans la première moitié des années 50 ?
A l’époque de nos musiciens préférés : Art Blakey, Duke Ellington, Coleman Hawkins, Charlie Parker, Archie Shepp, Max Roach, Dizzy Gillespie, Miles Davis, Sonny Rollins, Lionel Hampton, Cannonball Adderley, Oscar Pettiford, Sonny Clark, Kenny Clarke, Charlie Mingus, Bill Evans, Percy Heath, John Coltrane, Ornette Coleman, non ?
A l’époque de Ray Charles et de James Brown (au tout début de leurs très longues carrières) et de Little Richard, non ?
Mais à l’époque aussi du sénateur Mac Carthy et du secrétaire d’Etat Foster Dulles, non ?
Y avait-il, à l’époque, deux Amériques en Amérique ? Celle Thelonious Monk et celle de John Wayne ?
Dashiell Hammett, Raymond Chandler, Horace Mac Coy et tous les saints de notre paradis, qui écrivaient déjà dans les années 30 ou 40, non ? étaient-ils tous morts alors (d’une cirrhose du foie ou bien d’un taux de vétusté excédant méchamment la norme habituellement admise), à l’époque de la guerre de Corée, non ?
Mais certainement pas Jim Thompson, David Goodis et Charles Williams qui sont de la génération suivante, non ? et Chester Himes dont les vilains garnements, Fossoyeur Jones (appelé Fosse) et Ed Cercueil Johnson, se promenaient encore en culottes courtes au début des années 50, non ?
- Je confonds tout, Popol ? Eclaire-moi donc ! Dois-je aussi réveiller les souvenirs d’Alain Germoz et de Kangni Alem… dont je sais qu’ils sont passionnés de jazz… et dont je suppose qu’ils sont aussi fanatiques de polar américain ?
- Tu confonds un peu tout, Vieux Didier ! Comme d’habitude (et je te soupçonne parfois de le faire exprès) ! Presque tout ! Les genres, les dates, les couleurs, les puritains et les érotisés, les ogres et les petits poucets ! Tu les mets tous dans le même sac ! Et tu oublies plein de monde aussi (Martin Luther King, Malcolm X, Bobby Seale, Eldridge Cleaver, Huey P. Newton… même s’ils sont venus après)! Et tu ne cites pas une seule femme (ni Ella Fitzgerald, ni Billie Holiday, ni Anita O’Day… ni Dulcie September, ni Nina Simone, ni Angela Davis… même si elles sont venues après) et très peu aussi (mis à part quelques auteurs de polars… suspectés d’ailleurs, à l’époque, d’être d’abominables bandits communistes avec le couteau entre les dents) de visages pâles ! Mais bon… ouais… sans doute… l’intention y est…
- Peut-être devrais-je également solliciter l’avis de Sami Tchak, de Nadine Plateau, de Bruno Maiter, de Gauthier de Villers et de Claude Haïm ?
- Et pourquoi donc, Vieux Didier ? Notre expertise ne te suffit pas ? s’étonnent et s’irritent, en chœur, Paul Van Ackere, Kangni Alem et Alain Germoz…
- Rien à voir, les frangins… C’est à propos d’une vieille histoire de crocodile, de léopard et d’aigle… Si vous n’avez pas reçu le machin, ni lu le truc, ni pris connaissance du bazar, vous ne pouvez pas comprendre…
- Quel bazar ?
- Une sacrée levée de boucliers ! On me reprochait la dernière phrase d’un de mes textes…
- Et c’était quoi, cette dernière phrase ?
- Rien de très original … Je ne faisais que répéter ce que tout le monde pensait et disait en Irak : « Ce n’est pas un péché de tuer des Américains »… Et on ne pouvait pas vraiment leur donner tort aux Irakiens… qui se faisaient assassiner tous les jours… par la faute des « Américains »…
- Fais gaffe quand même, Vieux Didier, on ne peut pas se permettre de rigoler avec l’oncle Sam ! C’est une teigne ce mec-là ! Et avec l’informatique, il ne risque pas de perdre la mémoire ! Et quand tu seras victime d’un sérieux malaise, très prochainement, Sammy et ses petits neveux y veilleront bien, tu ne pourras même pas te rendre aux Etats-Unis pour t’y faire implanter un stimulateur ou un accélérateur cardiaque de la nouvelle génération !
- Ay ! C’est bien ce que je craignais, ils veulent me toucher au cœur ! Ils veulent buter ma femme !
Dis-moi donc, Popol, pouvait-on, au début des années cinquante, gommer allègrement le massacre et la relégation des Indiens, oublier l’esclavagisme, occulter le racisme, escamoter la ségrégation, ignorer les ghettos, les working poors et toutes les inégalités que subissaient les « minorités »… et pouvait-on aussi ne pas se rendre compte que les « prédateurs », devenus de plus en plus voraces, avaient, dès cet « âge d’or », décidé de rentabiliser davantage leur
- Déjà très lucrative !
victoire industrielle, énergétique et, subsidiairement, militaire sur l’Allemagne nazie, l’Italie fasciste et le Japon impérial… et entrepris de « libéraliser » et d’imposer leur modèle de liberté à tout le reste du monde… et de marchandiser et de dollariser et de faire entrer en bourse la planète entière… et de braquer toutes les richesses et de squatter tous les cerveaux de tous les continents ?
Mais pourquoi donc, dans ce modèle de liberté, la prospérité et la « démocratie » des uns devait-elle toujours se construire, avec la bénédiction de Dieu
- En Amérique, Dieu n’aime pas les pauvres ! Et la prospérité des riches est la preuve de leur générosité envers Dieu !
sur l’asservissement et l’appauvrissement des autres ?
N’y avait-il pas là un vice caché dans la construction du bordel… qu’on pouvait imputer à des défaillances de l’entrepreneur…
Ne s’agirait-il pas plutôt d’une lacune ou d’une erreur
- Incorrigible, incontournable, irréparable, rédhibitoire !
se situant en amont, au niveau du cahier des charges, des plans, calculs et croquis… voire de l’étude préalable du sol ?
Etait-ce seulement ainsi que cela pouvait fonctionner, leur liberté du commerce et de l’industrie ?
Et c’est ce modèle-là que « l’Amérique » avait décidé d’imposer au monde…
Etions-nous donc naïfs, endoctrinés, manipulés, dans la première moitié des années cinquante, vieux enfants, ados criseux ou très jeunes hommes, quand nous avions entre sept et seize ans, à l’époque de la guerre de Corée ?… Comment avons-nous pu rêver alors, cher Popol, d’une Amérique du jazz et des polars… d’une « libre Amérique » ?... alors que cette autre Amérique n’avait, à travers toute l’histoire de ce pays, jamais existé… ou que, pour le moins, elle n’avait jamais été « aux commandes » comme on dit au Congo !
Si bien que « l’Amérique », dont, dadais, nous avions pu rêver n’était, tous comptes faits, qu’une « Afrique du Sud blanche » qui avait « réussi son coup »…
Et ce cul d’artichaut, ce cul dans le beurre, ce faux cul, ce tire-au-cul et ce trou du cul de catholique irlandais de John Fitzgerald Kennedy souffrait-il déjà du dos…
- C’est en abusant du péché de chair qu’on attrape des courbatures dans le dos, tu sais ça, Popol ? Makolo mpasi, ko !
à cette époque, comme toi, même s’il ne trompait pas encore Jackie Onassis avec Marylin Monroë et s’il n’avait pas encore battu Nixon aux élections présidentielles
Nixon, saura retomber sur ses pattes par la suite…
Aidé par le Seigneur et financé par différents lobbies du monde des affaires, il prendra à son tour le pouvoir… et balisera la voie qui a conduit aujourd’hui …
- Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ! Et du Pétrole !
à l’avènement de la dynastie évangélique « revivaliste » des Bush, père et fils
remplacé Eisenhower, agressé Cuba et commencé d’envahir le Vietnam ?
Bon, je déconne. Assez rigolé. Cessons d’être frivole et parlons de choses plus sérieuses…
Et l’enquête de Paulo Carter, ton auteur-personnage préféré, dis-moi, Popol, ça progresse ?
Paulo Carter s’en prend à la victime
Paulo Carter, énervé par la désinvolture de son client, poursuit néanmoins ses investigations. Il interroge à présent, de nouveau (la victime serait-elle soupçonnée de dissimuler des indices et de cacher des secrets inavouables ?), le valétudinaire.
- Présentes-tu, Vieux Didier, une fièvre inexpliquée avec ou sans les symptômes suivants : douleurs abdominales, maux de tête, nausées, douleurs et faiblesses musculaires, etc. ?
- Des douleurs abdominales, ben wiii !
- Si tel est le cas, Vieux Didier, un paludisme à « plasmodium falciparum » peut toujours être suspecté…
- Mais c’est quoi ce truc, Paulo ?
- Un parasite de l’intestin des moustiques !
- Un parasite que les moustiques ont dans leur intestin ou un parasite qu’ils ont foutu dans le mien ?
- Je ne sais pas encore, Vieux Didier, et je poursuis mes recherches… Mais, de toute manière une médication, s’impose !
- Quelle médication, Paulo ?
- Un antipaludéen ! Et, pendant le traitement, tu éviteras soigneusement de prendre les commandes d’un avion ou de te mettre au volant d’une moissonneuse-batteuse !
- Je pourrai quand même conduire un train électrique, Paulo ?
- Celui du régent Charles ?
- Non, un vrai !
- A mon avis, oui… parce qu’il y a des rails ! Mais tu t’abstiendras de piloter une locomotive à vapeur… tu n’aurais pas, dans ton état et compte tenu de ta « faible constitution physique » de baratineur et de bonimenteur, la force de pelleter le charbon ! Déjà que tu n’as jamais été capable (sans recourir à mes services) de virer un client ivrogne du Zoeloe Bar ou même de semer quelques plants de cannabis (voire de la bête roquette) dans un bac à fleurs ou un pot de chambre…
- Mais, dis-moi donc, Paulo, quels pourraient être les effets indésirables de cette médication antipaludéenne ?
- Les effets indésirables ? Des douleurs abdominales, des maux de tête, des nausées, une fatigue et une faiblesse générale, etc.
- Des douleurs abdominales encore ?
- Eh oui, Vieux Didier !
- Les symptômes et les effets indésirables sont-ils donc les mêmes ?
- A peu de choses près, oui.
- Oublie ! Oublie ! Oublie ! Tu n’as rien d’autre en magasin, Paulo ?
- Pour l’instant, non, Vieux Didier ! Plus rien !
- Approvisionne-toi donc à Dubaï, en Chine, en Inde, en Thailande, en Malaisie, à Singapour ou en Corée, Paulo ! Sois de ton temps ! Le soleil se lève, à présent, dans ces pays-là ! On y trouve de tout, moins cher ! Et, quelquefois aussi, on y découvre de nouvelles pistes, particulièrement intéressantes ! Des pistes qu’on n’a encore jamais pratiquées ou diagnostiquées ailleurs, chez les Leucodermes d’Europe ou des Etats-Unis !
- Ouais… mais des pistes de qualité au moins, j’espère…
- Certainement, Paulo !
- Tu es bien sûr que ce n’est pas du « vlek », tes nouvelles pistes ?
- Mais naan ! Mais naan ! Ce sont des pistes d’excellente qualité, Paulo… « la qualité au sommet de son art » proclame la campagne publicitaire (parue dans La Dernière Heure du samedi 2 et du dimanche 3 décembre 2006, juste à côte d’un article consacré aux travailleurs de VW Forest qui venaient de se faire braquer leur emploi) lancée par Ssangyong pour assurer la promotion de son nouveau modèle, l’Actyon A 230…
- Ouais, ouais…Je me demande quand même, tout doucement, Vieux Didier, si tu n’es pas en train de te foutre de ma gueule et de « met mijn voeten spelen » !
- Comment ça, Paulo ?
- Soyons clair, Vieux Didier ! Maintenant, à l’instant même où je te parle, comme je te vois, tu te sens mieux, non ?
- Wiii (plutôt) !
- Tu as encore mal au ventre ?
- Naan (moins) !
- Alors bon, arrêtons là ! Cesse de faire le guignol et moi je suspends mon enquête, ça va ?
- OK, Paulo, d’accord, d’accord ! Ne t’énerve pas !
- Mais je ne m’énerve pas, Vieux Didier ! Tu fais seulement chier !
- OK, Paulo, on arrête… Mais on pourra reprendre après, naan ? Si l’occasion se présente…Si la douleur revient…
- Ouais, ouais…Mais si tu n’es pas satisfait de mes services, Vieux Didier, peut-être pourrais--tu demander à Kossi et à Salifou de t’ouvrir le bide et de te vider les tripes, non ?
Moralité ? Aucune !